conques

Conques

Quelques bribes d’histoire

Conques

L’histoire du village de Conques est indissociablement liée à celle de la communauté religieuse, installée par l’ermite Dadon, dès la fin du VIII e siècle, et que les souverains carolingiens – notamment Louis le Pieux – prirent sous leur protection au cours des premières décennies du IX e siècle. L’arrivée, après 866, des reliques d’une jeune martyre agenaise, sainte Foy, contribua au rayonnement de cette jeune abbaye bénédictine qui, très vite, se trouva à la tête d’un immense temporel qui s’étendait de l’Italie à l’Espagne. En effet, des fidèles de haut rang mais aussi des pèlerins, en quête de miracles, vinrent vénérer les reliques de la sainte et firent preuve, à l’égard de la communauté religieuse, d’une grande munificence. Cette dévotion permet notamment de comprendre la constitution de l’exceptionnel trésor
d’orfèvrerie et la reconstruction de l’abbatiale actuelle, en moins d’un siècle, de 1040 à 1130 environ.

Un bourg monastique se constitua progressivement, au nord de l’enclos conventuel, sur les versants ensoleillés dominant la gorge de l’Ouche. Protégée par une ceinture de murailles et par quatre portes fortifiées, cette petite cité – riche, dit-on, d’environ 3 000 habitants au début du XIV e siècle – connut une rapide prospérité, liée notamment à la diversité de ses activités commerciales ou artisanales.

Au début du XIII e siècle, la communauté d’habitants s’émancipa du pouvoir religieux et se dota d’une institution nouvelle : le consulat. Tout au long du Moyen Age et des temps modernes, les représentants de celui-ci eurent à faire face aux différentes épreuves qui affectèrent la ville : guerre de Cent Ans, guerres de Religion, famines, peste noire et autres maladies contagieuses… C’est là tout un pan de l’histoire du lieu que l’on commence à redécouvrir.

La Révolution française entraîna, en 1790, la fermeture de l’abbaye – sécularisée depuis 1537 – et la dissolution du chapitre des chanoines. Au début de l’année 1793, les habitants réussirent néanmoins à sauver de la destruction les reliquaires d’or et d’argent. Quant à l’abbatiale romane, elle fut, elle-aussi, miraculeusement épargnée et, une fois les troubles passés, cet édifice, en assez mauvais état cependant, attira l’attention d’un jeune inspecteur des Monuments historiques, Prosper Mérimée, de passage à Conques en 1837. Ce dernier est à l’origine d’une véritable prise de conscience patrimoniale qui conduira à plusieurs campagnes de restauration de l’église, tout au long des XIX e et XX e siècles. La plus importante fut menée par l’architecte Jean-Camille Formigé, de 1876 à 1891.
C’est au cours de cette même période que l’évêque de Rodez rétablit, en 1873, une nouvelle communauté religieuse, les Pères prémontrés, renouant ainsi avec une longue tradition de spiritualité à Conques.

Au début du XX e siècle, la petite bourgade rurale, dont l’économie n’était guère florissante, connut un second souffle grâce à la naissance et au développement du tourisme moderne.
Depuis lors, le nombre de visiteurs n’a cessé de croître, pour atteindre actuellement, chaque année, 600 000 personnes environ.

Conques, blotti au milieu d’un écrin naturel préservé, mérite assurément tous les superlatifs, et la richesse de son patrimoine artistique lui assure désormais une renommée internationale dont témoigne également l’attribution de prestigieux labels : « Plus beaux villages de France » (1982), inscription, de l’église abbatiale Sainte-Foy et du pont sur le Dourdou, par l’UNESCO, sur la liste du Patrimoine mondial de l’Humanité, au titre des chemins de Compostelle en France (1998), « Grands Sites de Midi-Pyrénées » (2009), intégration au réseau des « Grands Sites de France », au titre de membre associé (2015).

Le village de Saint-Marcel, sur le plateau dominant la gorge de l’Ouche, est une ancienne paroisse. Depuis le Moyen Age, le prieuré dépendait de l’abbaye de Conques et son titulaire occupait, au sein du monastère, la fonction d’aumônier, puis après la sécularisation de 1537, celle de chanoine-trésorier. Il ne subsiste rien de l’ancienne église romane, dédiée au pape Marcel, martyrisé en 309. Un ancien cimetière entourait le chevet de l’édifice et plusieurs tombeaux creusés à même le rocher ont été retrouvés à la fin du XIXe siècle, et encore en 1987. Deux couvercles de sarcophage, dressés de part et d’autre de la porte d’entrée de l’église actuelle, rappellent l’existence de cette nécropole. Un deuxième lieu de culte, en grande partie reconstruit en 1561 par le maçon Guillaume Turlan, servit aux offices jusqu’au milieu du XIXe siècle. C’est en effet au début de la Troisième République que l’on prit la décision, compte tenu de la vétusté du bâtiment, de reconstruire entièrement l’église. À cette occasion, la Fabrique de Saint-Marcel joua un rôle prépondérant. Les travaux durèrent trois ans, de 1873 à 1875 et, une fois achevés, l’on se préoccupa de sa décoration intérieure et du renouvellement du mobilier liturgique. Une souscription publique permit ainsi d’acquérir le maître-autel en marbre (1892), la générosité du curé Casimir Lhorte les statues du Sacré-Cœur, de saint Marcel, de saint Roch, de sainte Foy et de sainte Germaine, ainsi que le lustre en cristal.

Saint-Marcel

Le Chemin de croix date de la même époque. Seules les cloches, plus anciennes (1824 et 1831), sorties des ateliers Triadou, à Rodez, purent être replacées dans le nouveau clocher.
Il convient de noter, non loin de l’église, la présence d’une belle croix en fer forgé, réalisée en 1776, à l’issue peut-être d’une mission, comme celles, contemporaines, de Conques ou de Noailhac. 

Montignac Montignac

 

 

Le village de Montignac se situe sur un très ancien axe de circulation qui permettait de relier le plateau de Lunel à la vallée du Dourdou. Dès l’époque carolingienne, la localité fut le siège d’une viguerie, et l’église paroissiale, dédiée à saint Christophe – un saint dont les voyageurs recherchaient la protection –,  est déjà attestée en 819. Le hameau regroupe un certain nombre de maisons anciennes, certaines dotées de pans de bois. L’église, quant à elle, fut en grande partie reconstruite dans la seconde moitié du XIXe siècle, mais certains éléments de l’édifice antérieur ont été conservés, ainsi les vestiges d’un enfeu (tombeau), sur le flanc nord. Le clocher, quant à lui, abrite deux cloches. La plus ancienne porte la date de 1597 et – ce qui est exceptionnel pour cette époque – le nom du fondeur, Jean Dubois ; la seconde fut exécutée par les fondeurs  Cazes et Bras en 1826. 

Un patrimoine exceptionnel

 

 

 

 

L’abbatiale Sainte-Foy est l’un des plus beaux témoignages de l’architecture romane en France. Construite en moins d’un siècle, de 1040 à 1130 environ, l’édifice surprend par son élévation intérieure et par sa luminosité que les vitraux contemporains de Pierre Soulages contribuent à accentuer. Un riche décor sculpté (tympan du Jugement dernier, groupe de l’Annonciation, chapiteaux sculptés, notamment à l’étage des tribunes…) en fait aussi sa renommée. 

 

 

 

 

Il subsiste du cloître roman, voulu par l’abbé Bégon (1087-1107) et démoli en grande partie au début du XIXe siècle, quelques beaux vestiges, notamment les arcades de la galerie occidentale ou le grand bassin central, en serpentine. Ses chapiteaux offraient un programme iconographique de grande ampleur qui faisait du cloître de Conques l’égal de celui de Moissac. 

 

 

Le trésor d’orfèvrerie représente, à n’en pas douter, le joyau du patrimoine artistique de Conques, miraculeusement préservé de la destruction par les habitants du lieu à la fin de l’année 1793. Cet ensemble – unique au monde – de reliquaires d’or et d’argent, mais encore d’objets sacrés tout aussi précieux (autels portatifs, coffre, reliure d’évangéliaire, croix, statuettes…), rappelle, outre l’importance du culte des reliques au Moyen Age, la munificence des fidèles à l’égard de l’abbaye bénédictine.
  
L’œuvre la plus insigne reste bien évidemment la « Majesté » de sainte Foy, réalisée à la fin du IXe siècle et remaniée à différentes époques, notamment vers l’an mil. Il convient de noter l’étrangeté du regard de la sainte, en partie due à la réutilisation d’une tête du Bas-Empire (IVe-Ve siècle). Autre reliquaire d’importance, parmi la dizaine que compte le Trésor, la châsse dite de Pépin (IXe-XIe siècle) dont la face principale est ornée de la scène de la Crucifixion.

 

 

 

 

Le bourg monastique de Conques, au Moyen Age, était doté d’une puissante enceinte, flanquée de quelques tours. Quatre portes fortifiées, attestées dès le XIIIe siècle, donnaient accès à la cité. La principale, celle de Fumouse, disparut après la Révolution. Mais il subsiste toujours les portes de la Vinzelle et du Barry (le faubourg), caractérisées chacune par un grand arc de décharge et surmontées d’une pièce d’habitation ou de gardiennage. 

La chapelle du Rosaire (dite aussi chapelle des abbés) s’intégrait dans les espaces conventuels, à l’est du cloître. Les voûtes de cet édifice, dont la construction remonte à 1465, sont ornées de peintures murales exécutées au début du XVIe siècle, dans l’esprit de la Renaissance. Ce décor mêle motifs profanes (grotesques) et thèmes religieux (Sainte Face, Sainte Tunique du Christ et symboles des Evangélistes). 

 

 

 

 

La chapelle Saint-Roch (dite aussi chapelle Notre-Dame du château) se dresse sur un éperon rocheux dominant les vallées de l’Ouche et du Dourdou : un emplacement ô combien stratégique, occupé dès les origines de Conques. L’édifice actuel date du XVe siècle, mais la sacristie accolée semble plus ancienne, comme l’atteste un niveau de maçonnerie, dite « en arête de poisson ». Une curieuse cavité est creusée à même le rocher, sous la chapelle. Cet édifice conserve deux décors peints : l’un du début du XVIe siècle, l’autre du XIXe siècle. 

 

 

 

 

 

Le pont romain, ainsi appelé parce qu’il était emprunté par les romius (les pèlerins) se rendant à Saint-Jacques de Compostelle, permet de franchir le Dourdou. L’ouvrage, d’origine médiévale, fut en grande partie reconstruit à l’époque moderne (XVIe-XVIIe siècles). Il comporte cinq arches en plein cintre reposant sur des piles terminées en amont par des avant-becs triangulaires.